Grand Poitiers entre en gare

Plus fluide, plus vert, plus accueillant, plus vivant. De la Porte de Paris à Pont-Achard, le secteur de la Gare à Poitiers va se métamorphoser. Le projet d’ampleur, porté par Grand Poitiers, est né de 2 ans de concertation. Approuvé le 9 décembre 2022 en Conseil communautaire, le « plan-guide » du projet, c’est-à-dire la feuille de route de l’opération de renouvellement urbain sur 15 ans, présente le projet de revitalisation du quartier, au service de la transition écologique du territoire.

La réhabilitation du quartier, des enjeux majeurs à de multiples échelles

La Communauté urbaine de Grand Poitiers et la Ville de Poitiers investissent respectivement 17 et 11 millions d’euros, soit un budget total de 28 millions d'euros pour ce projet de réhabilitation.

L’ambition de cette opération de renouvellement urbain ? Transformer et revitaliser le quartier, de manière à en faire un lieu de vie totalement intégré au centre-ville,porteur d'activités économiques et créateur d'emplois. Un renouvellement visant à favoriser la mixité, avec une haute exigence environnementale et de nouvelles solutions  de mobilités.

Cet espace de création, d’accueil, d’hébergement et d'animation apportera davantage de confort de vie et garantira les conditions d’une économie productive visant le développement d’emplois, notamment chez les jeunes. Dès aujourd’hui, le quartier connaît une évolution prometteuse avec par exemple l’installation de la nouvelle école de Design et celle du nouveau site de la Technopole.

Pour aller plus loin dans les enjeux :

Situé au cœur de Grand Poitiers et directement relié au reste de la France par la ligne à grande vitesse, le quartier de la gare de Poitiers joue un rôle majeur pour le développement du territoire.

Espace d’entrée et de sortie du territoire mais aussi de connexion entre la ville centre, son dynamisme économique et ses équipements culturels et publics et les autres communes de Grand Poitiers, le quartier de la Gare occupe une position stratégique.

Il se situe donc bien au cœur des déplacements de Grand Poitiers, s’inscrivant en colonne vertébrale des projets de mobilité de la Communauté urbaine et notamment de son «  étoile ferroviaire  ».

La gare ne doit pas être perçue seulement comme un espace de transit, vecteur de flux, mais aussi comme un puissant levier d’attractivité dont il faut tirer parti.

Pour se démarquer des quartiers de gare/d’affaires génériques, qui fonctionnent essentiellement sur des ressources extérieures à la ville hôte, Grand Poitiers doit tirer profit de ses nombreux atouts :

  • la proximité du site de la gare avec les services
  • avec les commerces et hôtels
  • avec les équipements publics
  • et avec les lieux de culture, de patrimoine et d’enseignement du centre-ville

Le site n’est pas seulement un «  quartier de gare  », il est aussi un lieu de connexion avec le territoire environnant, la Région dont il fait partie et les autres régions qui l’entourent.

L’enjeu essentiel du projet de renouvellement repose sur cette richesse et sur la complexité du site et de l’histoire de ce morceau de Ville. Il y est question, certes d’attractivité, mais aussi d’identité, de centralité, de mixité, de quartier de vie.

Si le quartier de la gare constitue bien un trait d’union, c’est aussi un espace de vie et d’habitation à aménager en concertation avec les acteurs locaux et les habitantes et habitants du quartier.

Les bâtiments et les logements du quartier sont marqués par le temps et méritent une attention particulière afin de concilier mixité sociale et performance énergétique. L’enjeu écologique et social concerne également la place de la voiture dans le quartier avec d’une part une circulation automobile très dense, concentrée sur les boulevards du Grand Cerf et Pont-Achard, source de nuisances et de pollution, et d’autre part une large emprise foncière dédiée au stationnement.

Enfin, la présence de la Boivre, aujourd’hui dissimulée et la localisation du site entre le parc de la Cassette et le Clain, terminent de révéler l’importance des enjeux environnementaux sur ce quartier.

Un projet co-construit avec les habitants, usagers et acteurs de terrain

Les habitantsusagers et acteurs de terrain constituent le socle fondamental de la gouvernance du projet. Ils ont été et resteront force de propositions dans la définition, l’animation et la mise en œuvre du projet d’ensemble. Un processus collaboratif ainsi qu’une démarche de participation citoyenne ont été menés à l’échelle du projet d’ensemble et de son incidence sur le territoire communautaire et à l’échelle des îlots et sous-projets.

La démarche est collaborative et s’appuie sur l’intelligence collective et l’engagement des parties prenantes. Les partenaires (institutionnels, grands comptes, opérationnels, acteurs du quartier, associations, collectivités…) ont été mobilisés tout au long des études.

Plusieurs temps forts ont jalonné le processus de co-construction du plan-guide. Trois ateliers ont permis de :

  • mettre en commun une vision de la vie du quartier et de ses usages
  • créer le dialogue entre urbanisme, immobilier et politiques publiques pour apporter un cadre favorisant l’engagement collectif
  • partager le travail réalisé au fur et à mesure de son avancement (diagnostic/scénarios/finalisation du plan-guide)
  • projeter les parties prenantes dans le processus en identifiant bien leurs attentes, leur rôle et leurs contributions
  • entretenir la participation, l’émulation de l’ensemble des acteurs
  • s’approprier les principes de conception et explorer les temporalités du projet pour donner un horizon, une chronologie de l’évolution à venir du quartier
  • co-construire les scénarios et la programmation dans les îlots

La démarche est participative. Après une phase d’immersion sur site et de rencontres d’usagers, habitants, acteurs et gestionnaires du quartier par le prestataire chargé de la participation citoyenne, plusieurs ateliers ont accueilli une trentaine de participants déjà rencontrés et qui avaient fait part de leur intérêt à y participer.

En s’appuyant sur trois thématiques identifiées lors de ces ateliers citoyens (le jeu, la gare des rencontres, la nature et le paysage supports d’usages), l’idée était de se saisir des opportunités que donne déjà le quartier pour penser des aménagements et des espaces de respiration, récréatifs, conviviaux, inclusifs, accessibles à tous et réalisables à court terme.

En s’inscrivant dans une démarche d’urbanisme tactique, les habitants et usagers ont pu ainsi distinguer :

  • ce qui relèverait des essais immédiats réalisables à court terme
  • ce qui relèverait des actions à plus long terme qui demanderont à être approfondies et phasées

La méthode a permis l’expression libre tout en donnant un cadre. Des propositions ont été partagées avec le public lors de l’Agora du 17 septembre 2022 et certaines intégrées au plan-guide.

Le plan-guide

Le plan-guide est un outil de gestion de projet urbain. Evolutif et à destination de toutes les parties prenantes du projet, c'est un dossier qui comprend des scénarios temporels et spatiaux de renouvellement de l’espace public intégrant la programmation dans les différents projets, îlot par îlot.

Pour une mise en opérationnalité la plus rapide et efficace possible, un travail est réalisé pour préciser les conditions foncières et financières de sa mise en œuvre.

Cet outil s’est construit à différentes échelles d’espace et de temps, sur l’ensemble du périmètre de projet et sur la base d’un diagnostic urbain approfondi et partagé.

De Porte de Paris à Pont-Achard, un quartier en métamorphose

Le projet se construit autour de 3 axes stratégiques :

La refonte des mobilités constitue la véritable colonne vertébrale du projet notamment par la requalification des boulevards qui revêt une importance capitale pour réussir à la fois à conforter l’accessibilité à la gare et à construire un espace public apaisé, ouvert à toutes et tous et offrant une qualité d’usages et de mobilités améliorée.

La renaturation de la Boivre vise à véritablement faire vivre la rivière, ainsi que l’ensemble de l’écosystème qui lui est associé.

L'objectif est qu'elle soit plus présente dans le quotidien des habitants et des usagers, contribuant ainsi à la construction d’un autre rapport à la nature et au vivant au coeur de la cité.

Le projet vise à mettre en place une programmation urbaine assurant toutes les formes de mixité afin de réaliser un quartier créateur d’activité et d’emplois, et accessible à tous.

Le projet accompagne la cohabitation pour permettre aux personnes vivant dans le quartier d’y rester et de voir leurs conditions de vie améliorées, en particulier dans leur rapport à l’espace public (Boivre et boulevards). Le projet soutient la résorption des précarités énergétiqueséconomiques et sociales en relation avec l’OPAH-RU, tout en évitant la gentrification ou la disparition d’activités utiles au quartier.

La dimension économique et commerciale du quartier de la gare est affirmée, renouvelée, en garantissant des activitésservices et commerces qui répondent aux nouveaux modes de vie et de travail.

... pour un quartier plus fluide, vert, accueillant et vivant

La voirie sera repensée pour apaiser les déplacements.

La restructuration, côté boulevards, vise à créer une voie cyclable bidirectionnelledeux promenades piétonnes et deux voies réservées aux voitures. S’y ajoutera, lorsque la largeur de la voie le permet, une voie dédiée aux bus.

Afin de gagner de l’espace, la trémie du tunnel sera fermée. Les cartes seront également rebattues pour le stationnement, avec la création de plusieurs parkings à étages, notamment rue Maillochon sur l’emprise foncière de la Poste.

Et même plus bleu ! En effet, la révélation de la Boivre, discrète rivière car canalisée dans ce secteur, forme la trame bleue du projet.

Une promenade entre le parc de la Cassette et la Porte de Paris pourra être aménagée. À terme, il s’agit d’offrir au plateau de Poitiers une véritable ceinture bleue.

Sur le volet vert, les espaces publics seront végétalisés, notamment sur les boulevards et les berges de la Boivre. Des espaces verts seront créés pour accentuer la présence végétale sur le secteur. L'objectif est de mettre en continuité les différents espaces de nature, et ainsi s'orienter vers un système de parcs.

L’accès à la gare, côté ouest, va être totalement repensé. Il s’agit de la doter, de ce côté, d’une véritable entrée avec un parvis dégagé et du stationnement pour les vélos.

La passerelle enjambant les voies ferrées, modernisée, sera accessible aux personnes à mobilité réduite et aux vélos. Elle reliera les deux faces de la gare et distribuera les quais.

Près de 400 logements pourront être construits.

Les activités économiques dont les commerces de proximité auront toute leur place, avec l’ambition de mixer les usages. La maison des jeux, de l’esport et du numérique de Grand Poitiers devrait s’implanter dans le secteur afin de développer des offres de loisirs et de formation.

Le projet de La Caserne, porté par la Ville de Poitiers et lieu d'expérimentation de la démarche dans son ensemble, deviendra un lieu hybride qui pourra accueillir :

  • des activités relevant de la transition écologique et de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) sur la partie tertiaire
  • des activités productives liées à l’économie circulaire et à l’éducation populaire
  • de l’habitat, avec de l’hébergement à vocation touristique et du logement à vocation sociale.

La Mission Locale d’Insertion, à l’étroit dans ses locaux, pourrait également s’établir dans le secteur.

Enfin, une expérimentation sera menée dès l’été 2023 au dernier étage du parking Toumaï : 4 000 m2 libérés des voitures accueilleront des événements culturels et des animations.

De premières actions menées en 2023

L'amorçage de la dynamique du projet

De premières actions seront rapidement conduites en 2023 pour amorcer la dynamique du projet et préparer les premières interventions sur l’espace public et dans les îlots, en lien avec les politiques publiques de la collectivité :

  • Autour de la mobilité 
    • Etude sur la gare à double entrée : passerelle, entrée Nord, stationnement, parvis, rue Maillochon
    • Reconfiguration des boulevards : faisabilité et conception
  • Autour du paysage : 
    • Renaturation de la Boivre : études et premières actions foncières

    • Réseau de parcs : Jardin Hôtel de la Communauté Urbaine et Square des Coloniaux

  • Autour des cohabitations, avec la construction de programmation par ilôts : 
    • Emploi et insertion
    • Filière jeu et esport
    • Hébergement social et solidaire
    • Equipement petite enfance
    • Commerce et artisanat
    • Mobilisation des acteurs économiques endogènes et exogènes
    • Mobilisation des acteurs de l'habitat
    • "La Caserne" : tiers-lieu à vocation ESS

Et de premiers aménagements grâce à l'urbanisme tactique

Si le projet de la gare va durer plusieurs années, la démarche d’urbanisme tactique menée avec les habitantes et habitants va permettre d'engager rapidement certaines actions réalisables à court terme, et ainsi commencer à transformer le quartier :

L’apaisement tactique constitue un enjeu essentiel, notamment pour rendre le quartier de la gare plus vivable au quotidien. Cet apaisement tactique doit se faire dans les endroits accidentogènes comme la Porte de Paris ou Pont-Achard, mais également dans les lieux de vie stratégique du quartier tels que le parvis de la gare, les écoles et autour des espaces commerçants.

Il ne s’agit pas de faire du boulevard une zone intégralement piétonne, ce qui risquerait d’enclaver ce secteur, mais de permettre un partage équitable de la voirie et penser une ville de la mobilité douce et active. Au-delà de l'aspect accidentogène du boulevard, l'omniprésence de la voiture crée des conflits d’usages avec les piétons et les vélos.

Pourquoi ?

  • Apaiser le boulevard dans les lieux stratégiques de la vie de quartier : la gare, les carrefours, les écoles, les rues commerçantes…
  • Partager équitablement la voirie : accorder une place prédominante aux passants et habitants
  • Ménager des espaces de sociabilité et de verdure propices à l’appropriation de l’espace public par les passants.

Pour qui ?

L'apaisement de l’espace public touchera l’ensemble des usagers de la rue, qu’ils soient ponctuels ou quotidiens. Pour autant, il s’agit aussi de prendre en compte les publics les plus vulnérables ou invisibilisés :

  • Les seniors pour qui l’on doit faciliter la mobilité et permettre un accès autonome de l'espace public.
  • Les personnes à mobilité réduite pour qui la voirie n’est pas adaptée.
  • Les familles, foyers monoparentaux et les enfants afin de rendre l’espace plus sûr et plus attractif.
  • Les piétons et les cyclistes afin qu’ils arpentent les rues en toute légitimité.

Où ?

Le chemin des écoles. Le parcours chemin des écoles viendrait souligner les cheminements à 300m autour des écoles pour les rendre plus sûrs. Ces parcours ont la qualité d’être davantage incitatifs et informatifs que limitants. Cet apaisement passerait par :

  • Une définition de voie piétonne plus large autour de l’école.
  • Penser un cheminement pédagogique comme moyen d’apprentissage des mobilités douces et de la sécurité.
  • Porter une dimension sportive pour faire écho à la politique des “30min d’activités par jour” ou ludique en référence au parcours d’aventure pour promouvoir le “jeu libre”.

Aujourd’hui, le parvis de la gare est un lieu de convergence des mobilités. C'est un hub où des conflits d’usage apparaissent.

L'apaisement de cette zone passerait par :

  • Un meilleur partage de la voirie en intégrant les mobilités douces aux piétons et aux voitures
  • La création d’aménagements qui permettent l’attente et le répit à l’ombre, et qui protègent
  • Le signalement efficace des différents services de mobilitélieux d’information et lieux d’attente

Il s’agit d’inscrire la gare comme un lieu de vie du quartier à part entière qui puisse faire destination et espace de convivialité.

Les micro-parcs constituent des poches de respiration dans un quartier aujourd’hui très minéralisé. Ils répondent au désir des habitants d’avoir un parc à moins de 300 m de chez soi.

Constituant un réseau global, chaque espace se décline afin de s’adapter aux singularités du territoire. Leurs programmations (ponctuelles ou durables) doivent répondre aux carences d’usage et de biodiversité du site. Ces espaces ont vocation à rester ouverts sur la ville afin que chacun puisse y accéder. Ils pourront être des espaces de pédagogie, de pratique ludiqueartistique et sportif mais également d’observation et de contemplation de la vie urbaine et de la vie naturelle.

Les micro-parcs seront des lieux d'accueil et de protection de la biodiversité. Il faudra porter attention à respecter la trame noire (l'absence de lumière artificielle la nuit). Il s’agit de penser une continuité écologique autour de la Boivre/Clain à l’image d’une coulée verte.

Pourquoi ?

  • Ces micro-parcs répondent aux enjeux écologiques de déminéralisation des villes
  • Créer une zone de sauvegarde de la biodiversité et de réensauvagement
  • Créer une zone de réensauvagement et d’intensification de la relation “usage/nature” -"citadins/nature"

Pour qui ?

Pour toutes et tous ! Les micro-parcs doivent être des lieux inclusifs et intergénérationnels, notamment pour les publics ne pouvant pas forcément se déplacer à l’extérieur du quartier

  • Les familles
  • Les enfants avec des âges différents
  • Les adolescents
  • Les étudiants
  • Les sportifs

Où ?

A créer ou retrouver : le parvis de la gare, la Caserne sont des lieux stratégiques où l’on pourrait expérimenter une intensification du végétal et la définition de nouveaux espaces naturels en ville pour créer un paysage urbain, des lieux d’usage quotidien tourné vers la nature.

A réactiver : certains parcs ou squares existants sur le territoire sont aujourd’hui mal identifiés (square des coloniaux ou le belvédère de la rue de la cité Sainte-Jeanne), ou inaccessibles (square du Bd Solférino). Pourtant, ces espaces sont de véritables poumons verts dans la ville. Il s’agit de les réactiver afin que chacun puisse s’y promener, y flâner, les traverser, y jouer ou y travailler à sa guise.

Les cours d’école pourraient ouvrir de manière ponctuelle au grand public afin d’inclure l'école dans la vie de quartier et de favoriser la place des familles au sein du quartier.

Il s’agirait de penser :

  • Un usage pédagogique et ludique tourné vers l’exploration de la nature
  • Un partage équitableinclusif et intergénérationnel de l’espace
  • Aux enjeux environnementaux par la déminéralisation