La biodiversité chez vous

Au cœur de la ville, sur un balcon ou en campagne, dans un jardin, un verger ou un petit bois, un pied d’immeuble partout la nature peut s'épanouir pour peu qu'on l'aide.

Pourquoi et comment inviter la faune dans votre jardin ?

Vers de terre, insectes, oiseaux, hérissons… ces petites bêtes permettent d’obtenir un écosystème plus résistant. Comment les accueillir dans votre jardin ?

Les espèces vivent en relation les unes avec les autres et participent à l’équilibre de la nature.
Pour préserver cet équilibre, il est important d’attirer ces petits animaux et insectes plutôt que d’essayer de s’en débarrasser :

  • Les coccinelles, par exemple, mangent les pucerons,
  • Les oiseaux consomment les chenilles au printemps pour leurs nichées.,
  • Les abeilles sauvages, les guêpes, les coléoptères, les papillons et les mouches pollinisent vos plantes.
  • Les vers de terre aèrent et enrichissent votre terre.

En plus de faire bénéficier votre jardin/balcon d’une faune utile, vous offrez à la biodiversité des zones de vie.

Plus il y a de volonté d’accueillir et protéger la faune, de réalisations privées par des particuliers et plus se constituera un maillage de lieux propices au repos, au nourrissage, à la reproduction. C’est une façon évidente de lutter à plus grande échelle contre la raréfaction des habitats et de compléter l’action publique. Ces actions permettent l’amélioration des corridors écologiques.

Cependant, avant de commencer, il faut bien avoir en tête le triptyque Nourriture / Repos (=sécurité) / Reproduction pour envisager son refuge pour la biodiversité. Les uns ne vont pas sans les autres.

A boire et à manger !

Nombreuses sont déjà les personnes qui nourrissent l’hiver les oiseaux du jardin. Au-delà des débats que le nourrissage génère, c’est un premier pas, à condition de le faire avec des produits sains (les graines de tournesol bio sont ce qu’il y a de mieux) et uniquement durant les périodes froides.
Toute l’année, pensez à offrir de l’eau dans une coupelle, loin des chats. En effet, on pense souvent à offrir de l’eau l’été mais plus rarement l’hiver : pourtant lorsqu’il gèle, l’accès à l’eau est rare et les oiseaux ont besoin de boire en toute saison.
Et si vous mettez une pierre au fond de la coupelle, les insectes pourront aussi s’y désaltérer sans se noyer !

La pose de nichoirs est fréquemment réalisée dans nos jardins. Là encore, outre le plaisir que cela procure de voir des parents nourrir et des nichées prendre leur envol, cela permet à de nombreuses espèces semi ou cavernicoles de trouver un lieu pour nicher alors que les cavités naturelles disparaissent. Mais avant, cela nécessite :

  • D'observer les espèces qui fréquentent le jardin ou les espaces environnants,
  • Veiller à bien les placer, pour se donner le plus de chances possibles de les voir occupés. Chaque espèce a ses exigences. Ainsi le Moineau domestique, espèce commune en fort déclin (-70 % des effectifs dans les villes ces vingt dernières années), niche en colonie ; installer un seul nichoir n’aurait donc que peu de chances d’être occupé. Autre exemple, placer des nichoirs à Martinet noir côté sud et c’est le risque de voir les petits quitter les nids avant de savoir voler, du fait d’une chaleur trop importante dans les nichoirs.

Se documenter est donc essentiel avant de fabriquer, d’acheter et de les poser. Mieux vaut également les placer relativement éloignés les uns des autres (quand c’est possible) et destinés à des espèces différentes pour éviter tout souci de querelles territoriales entre individus d’une même espèce.

Les nichoirs peuvent être mis en place dès l’automne, ce qui permet aux oiseaux de les utiliser comme gîtes durant l’hiver. Mais en mars, et même en avril, il n’est pas trop tard pour en installer.

Attention aux prédateurs !

Évitez de disposer le nichoir à proximité de branches horizontales, facilement accessibles aux chats et autres prédateurs. Il est également possible de supprimer le perchoir éventuellement incorporé au nichoir qui leur facilite l’accès.

  • Une plaque métallique autour du trou d’envol empêchera les pics, lérots et écureuils de l’agrandir pour détruire la nichée,
  • Contre les grimpeurs, vous pouvez fixer autour du tronc une chaîne-herse "Stop-minou" ou bien des branches épineuses dirigées vers le bas, voire une plaque métallique. Assurez-vous au préalable que ces protections ne soient pas dangereuses pour les enfants.

Réservez-leur un gîte

La chauve-souris est un allié de plus dans la lutte écologique contre la chenille processionnaire du pin, mais également prédatrice de pyrale, du buis et des moustiques.
Il existe plusieurs sortes de gîtes pour les chauves-souris, ceux constitués naturellement :

  • un arbre creux qui s’il ne présente pas de danger n’a pas de raison d’être abattu,
  • les trous d’un vieux mur dont les pierres légèrement disjointes laissent apparaitre des fissures qui sont autant de gîtes. Il n’y pas de raison de les boucher tant qu’il n’y a pas de péril,
  • une ancienne persienne jamais fermée, les chauves-souris adorent s’y accrocher derrière,
  • un accès au grenier. Ce sont déjà des gîtes à chauve-souris, prenez-en soin, ce sont les préférés des chauves-souris (chiroptères).

Si vous n’avez pas tout ceci, installer un gîte à chauve-souris artificiel peut favoriser leur présence.

Il s’agit de construction assez simple, à condition de respecter certaines précautions :

  • choisir un bois non traité car c’est un matériau isolant, peu onéreux, respirant, écologique.
    Le bois doit être non poncé, voire rainuré, rayé pour que les chauves-souris puissent s’agripper et grimper à l’intérieur
  • les chauves-souris ont besoin d’un espace restreint, en particulier les mâles qui ne l’utilisent que pour se reposer la journée. Il s’agit donc le plus souvent de 2 planches espacées de 2 cm. Cela suffit pour la majorité des espèces. Le tout recouvert d’un toit avec l’une des planches plus longues que l’autre pour créer une zone d’atterrissage

Exposez le gîte plein sud, sur un mur extérieur, contre un arbre, toujours à l’abri des vents dominants. Vous pouvez aussi le placer dans vos combles si ceux-ci sont accessibles. L’espace nécessaire pour laisser entrer les chiroptères est de 40 cm de long et 15 cm de haut.

N'oubliez pas que les chauves-souris aiment la tranquillité. Si vous voulez savoir si le gîte est occupé, sans les déranger, c’est de regarder si du guano (crottes) s’accumule à l’aplomb de l'abri.

Concevez-leur un environnement favorable

Pour leur assurer un cadre de vie favorable, il ne faut pas négliger leur environnement. Pour cela n’oubliez pas :

  • de prendre soin de tous les recoins naturels où elles peuvent s’établir
  • de limiter les éclairages extérieurs
  • d'eviter les travaux dans les combles d’avril à septembre (lieu d’élevage des jeunes)
  • d'éviter les travaux dans les caves de novembre à février (lieu d’hibernation)
  • de devenir « refuge pour les chauves-souris  » Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM).

Pour en savoir plus consultez la page dédiée aux refuges pour les chauves-souris sur site internet de l'Association Vienne-Nature.

 

Pour que la végétation foisonne et que les cultures soient florissantes, elles ont besoin des abeilles, bourdons, guêpes, papillons, coléoptères et tous les autres pollinisateurs. Notre alimentation dépend d’eux ! Ils transportent les pollens d’une fleur à l’autre afin qu’elles puissent se transformer en fruits, qui fourniront des graines. Mais entre la perte de leurs habitats naturels, le déclin des espaces floraux et les agressions par les pesticides, les pollinisateurs disparaissent à grand pas.
A notre niveau, il est possible d’aider et de préserver les pollinisateurs de notre entourage.

  • En matière d’abris naturels, les haies sont un must car elles peuvent fournir à elles seules les trois éléments essentiels que sont la nourriture, la sécurité et un espace pour se reproduire pour de nombreuses espèces.
  • Si cela est possible chez vous, n’hésitez pas à planter une haie. Bannissez les haies mono spécifiques. Choisissez une haie constituée d’espèces arbustives variées et fruitières, pourquoi pas étagée sur différents niveaux. Laissez-y se développer le Lierre qui est également favorable à la biodiversité.
  • N’utilisez pas de produit phytosanitaire dans le jardin, leurs effets sont bien trop destructeurs sur l’ensemble de la chaîne alimentaire… Vous pouvez également envisager de ne pas tondre toute la pelouse, qui est un espace peu propice à la diversité végétale et animale. Les hautes herbes, graminées, prairies fleuries sont bien plus intéressantes tant en termes de nourriture que d’abri.
  • Vous pouvez également les nourrir en plantant des espèces mellifères riches en pollens et nectar comme le framboisier, groseillier, arbousier, bourrache, romarin et thym. Par ailleurs, en laissant un coin du jardin au repos, des espèces sauvages y pousseront attirant de nouveaux pollinisateurs. Place aux renoncules rampantes, pâquerettes, trèfles blancs, achillées, millepertuis, etc…

Des hôtels pas forcément étoilés !

Si vous investissez dans un hôtel à insectes, il est impératif d’avoir des trous de 8 mm ou moins, et, si vous le fabriquez vous-même, d’utiliser du bois non traité d’essence locale. Mais sachez :

  • qu’ils favorisent quelques espèces communes,
  • ils facilitent aussi le développement des prédateurs, de parasites et de maladies.
  • Oubliez aussi de le nettoyer au printemps, nous n'avons pas à nettoyer l'environnement des organismes sauvages.

Sachez aussi, que la plupart des espèces d’abeilles (70 %) nichent dans les sols. D’autres nichent dans les murets en pierre, les coquilles d’escargot, etc.

Alors pourquoi faire des "hôtels à insectes" ?!

Ces petites structures bien rangées et géométriques sont en réalité d’avantage des éléments pédagogiques : ils représentent un amas d’éléments, qui normalement, si nous n'avions pas tout nettoyé, devraient se trouver normalement dans l’environnement proche : paille, tige, branches, pierres, terre… Il s'agit donc d'un amas de débris bien ordonné.

Mais ce n'est pas une vraie solution : il est nettement préférable et logique de ne pas nettoyer la nature (jardins, espaces verts, haies, talus, pierriers…) et de bien laisser cette diversité d'éléments en place, disséminés, ou en petit tas, là où ils seront utiles et bénéfiques.

Il existe d’autres gîtes mais on ne le dira jamais assez, privilégiez les abris naturels :

  • Tas de bois pour les hérissons,
  • Arbres morts pour les insectes,
  • Amas de pierre pour les lézards,
  • Mares pour les libellules,
  • Haies pour les oiseaux...
  • Plantez des végétaux de différentes espèces, de préférence d’origine locale et dont la floraison sera espacée dans le temps.
  • Alternez pelouses, mini-prairies, espaces arborés. Ces différentes strates végétales vont assurer au niveau du sol un microclimat et une humidité favorables à de nombreuses espèces.
  • Évitez de tondre trop souvent et trop à ras les pelouses.
  • Laissez les feuilles au sol en guise de paillage.

"Comment préserver les chauves-souris", une bande-dessinée réalisée en collaboration avec "Curieux" et l'Espace Mendès-France