La question acoustique dans les bâtiments anciens

Conférence de Jean-Christophe Valière, professeur, Institut Pprime UPR 3346 – CNRS, université de Poitiers, ISAE-ENSMA.

«  Sauver le passé de l’immense condescendance de la postérité  » Edouard Palmer Thomson.

Le phénomène de réverbération acoustique, ou l’étalement des sons dans de vastes espaces, est souvent perçu comme procurant une expérience sonore agréable et majestueuse. La pratique du chant monophonique ou faiblement polyphonique, de nature religieuse ou profane, est donc particulièrement appréciée par l'auditoire. Cette observation pourrait laisser entendre que cette sonorité est le fruit d’une intentionnalité délibérée. En revanche, l’expérience d’écoute de musiques fortement orchestrées et/ou plus rapides en exécution dans ce même type d’espace donne souvent un sentiment de déception.

L’analyse des sources antiques, médiévales et modernes, en particulier des traités architecturaux tels que ceux de Vitruve (I^er siècle avant notre ère) ou Alberti (XV^e ), révèle que les effets de la réverbération étaient déjà reconnus comme une source de difficulté pour la bonne perception des voix et des chants. Les cérémoniaux ou les registres monastiques, comme ceux de l’abbaye de Montivilliers au XVIIe siècle, témoignent également de difficultés liées au chant des religieuses.

En réponse à ces défis, des travaux de rénovation y ont été entrepris entre 1620 et 1650 pour remédier en partie à ces problèmes. D’une manière plus générale, ces actions peuvent revêtir un caractère architectural, comme la descente d’une voûte, l’ajout de dispositifs de résonance en paroi (pots acoustiques) ou l’installation de rideaux.

La conférence se penchera sur l’évolution des connaissances en acoustique des espaces, des sources antiques jusqu’au XIX^e siècle, à l’aube de la formalisation mathématique des effets de la réverbération par Wallace Sabine. Au-delà des sources écrites, nous présenterons les principaux résultats des analyses archéologiques et acoustiques des systèmes de pots acoustiques. Nous proposerons une interprétation alternative globale prouvant que l’intentionnalité résidait bien dans une recherche empirique d’amélioration de la perception des chants et voix dans ces espaces.